Plus le diagnostic du diabète de type 2 est précoce, meilleure est la prise en charge de ses complications. Malheureusement, l’absence de symptômes précoces et directement corrélés à au diabète fait qu’environ un tiers des patients diabétiques ignorent tout de leur maladie. On sait pourtant, qu’à distance, le diabète peut induire des perturbations de l’état gingival. Et si ces complications précoces devenaient à leur tour les signes annonciateurs d’un pré-diabète ? C’est ce que suggère une récente étude hollandaise (1) qui s’est penchée sur le lien qui existe entre le diabète et ses manifestations bucco-dentaires.
Plusieurs études avaient déjà démontré ce lien. Les manifestations orales du diabète sont nombreuses : sécheresse buccale, brûlures de la langue, xérostomie, lésions dentaires et douleurs gingivales. La plus fréquente des affections induites par le diabète est une atteinte de l’état parodontal. On sait d’ailleurs que plus le diabète est sévère, plus l’inflammation du parodonte est importante. La prévalence des parodontopathies chez les diabétiques est de 2 à 3 fois supérieure à celle du reste de la population. Il était donc logique d’en vérifier le corollaire : les patients atteints de parodontopathies seraient-ils des diabétiques qui s’ignorent ?
Pour trouver des patients motivés pour participer à une telle étude, les auteurs se sont adressés au service de parodontologie de l’Academic Centre for Dentistry d’Amsterdam. Ils ont inclus 313 patients. Lors de la première consultation, la profondeur des poches parodontales et la récession gingivale ont été mesurées, définissant ainsi la perte d’attache gingivale, marqueur reconnu de la sévérité de la maladie parodontale. Parmi ces 313 patients, 78 ont été identifiés comme ayant une parodontopathie prononcée, 126 une simple parodontite, et 109 des gencives parfaitement saines. Les chercheurs ont alors mesuré la glycémie de chaque individu grâce à un prélèvement sanguin digital. Depuis 2009, l’hémoglobine glyquée est en effet considérée comme le critère diagnostique du diabète si elle est ≥ à 6,5%, ou de dysglycémie à haut risque de survenue si elle est comprise entre 6,0 et 6,5% (2).
Une sévérité de la parodontopathie allant de pair avec la suspicion de diabète
Comparés au groupe contrôle, les patients qui présentaient une atteinte parodontale modérée ou sévère avaient un taux d’HbA1c significativement plus élevé que les sujets sains. En 2010, l’American Diabetes Association (ADA) a étendu la notion d’altération glycémique à une fourchette plus large d’HbA1c, comprise cette fois-ci entre 5,7 et 6,5%. En se référant à ces valeurs, les auteurs ont pu identifier une surreprésentation de sujets présentant une suspicion de diabète ou de pré-diabète par rapport au reste de la population. Il s’agissait principalement d’hommes d’une cinquantaine d’années, fumeurs, avec un IMC > 27, présentant un coefficient masticatoire inférieur et une perte osseuse supérieure à ceux du groupe témoin. Ils tempèrent toutefois cette observation en signalant que par définition, les patients d’un service de parodontologie ont davantage de problèmes gingivaux.
Le cabinet dentaire pourrait bien devenir le nouveau poste avancé du dépistage du diabète. En dosant l’hémoglobine glyquée des patients souffrant de parodontopathies avérées, la prise en charge précoce du diabète et de ses complications pourrait significativement progresser.
Teeuw WJ, Kosho MXF, Poland DCW, Periodontitis as a possible early sign of diabetes mellitus. BMJ Open Diabetes Research and Care 2017; 5:e000326. doi:10.1136/bmjdrc-2016-000326.
International Expert Committee report on the role of the A1C assay in the diagnosis of diabetes. Diabetes Care, 2009; 32: 1 327-1 334.