La biopsie prostatique, geste a priori banal et bénin, peut induire une morbidité élevée et coûteuse dans certaines circonstances que les auteurs australiens ont analysées. L’objectif est de connaître et de reconnaître les situations génératrices d’un taux élevé de complications et de prendre les mesures appropriées pour que ces complications ne surviennent pas. Il semble bien que quelques précautions simples, en général anamnestiques, permettraient de réduire efficacement les infections post-biopsie prostatique.
Une revue systématique de la littérature pour identifier les facteurs de risque d’infection post-biopsique de la prostate, les stratégies préventives et de prise en charge optimale des complications infectieuses a été conduite par Matthew J. Roberts et coll. (Brisbane, Queensland, Australie). Cette étude a pour intérêt d’identifier les patients au risque infectieux procédural le plus élevé et ainsi de permettre des mesures correctives et prophylactiques des infections post-biopsie. Sur le plan épidémiologique, les auteurs font état de 0 à 6% d’infections, notamment de bactériurie, menant à environ 4% d’hospitalisations et à un sepsis sévère dans 0 à 1% des cas.
De nombreuses études récentes analysées par les auteurs soulignent que la résistance microbienne aux fluoroquinolones, le plus souvent utilisées en prophylaxie, est un facteur de risque important de développer une infection post-biopsique. C’est le cas également pour les patients ayant déjà fait une infection urogénitale ou ayant eu une prescription récente d’antibiotiques dans les 3 à 6 mois précédant le geste biopsique. Ces patients sont plus probablement suspects de porter des germes intestinaux très résistants aux fluoroquinolones.
Un antécédent de séjour hospitalier dans l’année précédant les biopsies est également un facteur de risque de portage de germes résistants ainsi que les voyages internationaux récents, notamment dans le sous-continent Indien et en Asie du Sud-Est.
Le diabète, la présence d’une valvulopathie ou d’une prothèse valvulaire, des infections pulmonaires à répétition, une immunosuppression/déficience sont également péjoratifs pour le risque d’infection. Des antécédents de biopsies prostatiques précédentes sont un facteur marginal d’augmentation du risque infectieux, alors que le nombre de prélèvements biopsiques ne l’est pas.
Cette étude de la littérature est particulièrement intéressante pour identifier les facteurs de risque de résistance
à l’antibioprophylaxie avant biopsies prostatiques et envisager une modification de ce traitement.
Matthew J. Roberts, Harrison Y. Bennett, Patrick N. Harris, Michael Holmes, Jeremy Grummet, Kurt Naber, and Florian M.E. Wagenlehner. Urology 2017 ; 104 : 11-21