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Les voies du progrès en cardiologie


La mouture 2018 des Journées Européennes de la SFC a été très dense et les trois voies que nous avons choisies semblent correspondre aux progrès les plus manifestes mis en valeur pendant ces intenses journées.

L’insuffisance cardiaque, dont les différentes facettes continuent de se préciser, bénéficie d’une grande attention. En effet l’association valsartan-sacubitril s’installe durablement dans l’arsenal thérapeutique avec une efficacité clinique importante. Sans doute, peut-on penser, ses indications vont-elles s’élargir à des formes plus débutantes de dysfonction VG, à l’HTA, voire à l’insuffisance cardiaque à FEVG préservée. Celle-ci précisément, dont la prévalence est considérable et les ressources thérapeutiques encore timides, est fortement scrutée par la communauté cardiologique. L’essai TOPCAT avait donné à penser que les antagonistes des récepteurs aux minéralocorticoïdes (ARM) pourraient être efficaces, mais cette hypothèse « low-cost » n’a jamais été vraiment retenue et on continue à s’interroger, pour ne pas dire patauger, avec des traitements symptomatiques. C’est dire si un traitement de fond, et pourquoi pas les ARNi, serait le bienvenu.

L’HTA, de par sa considérable prévalence, semble reprendre de l’intérêt pour la communauté cardiologique, après une longue période d’autosatisfaction. On avait décrété, voici quelques années, que 50% des hypertendus étaient « équilibrés », plus exactement « normalisés », et que c’état suffisant, on pouvait passer à autre chose. D’autant que les options thérapeutiques médicamenteuses semblaient épuisées. Mais les choses changent ! D’abord, la notion que pour un hypertendu « normalisé », on a fait le « job » est fausse. Comme le soulignait il y a déjà des années le Pr Xavier Girerd, un hypertendu même « normalisé », même bien soigné, reste un hypertendu dont le pronostic n’est pas le même que celui d’un normotendu. Cela rejoint, en partie, les nouvelles recommandations des sociétés savantes américaines, prescrivant de réduire bien plus la PA ; la discussion sur ces normes a été le fait du Pr Pathak, comme on le verra. D’autre part, la survenue des méthodes instrumentales de réduction de la PA (dont la dénervation rénale n’est qu’une partie et n’est sans doute pas arrivée à maturité) redonne de l’énergie et des voies de recherche à ce secteur un moment délaissé faute de nouvelles approches. C’est que la longévité augmente et donc l’exposition au risque aussi. S’il faut éviter des complications (de l’HTA, par exemple) pendant 20 ans de plus, notre approche doit évoluer. Last but not least, l’hypertendu est un polypathologique dans la quasi-totalité des cas : le cardiologue mais aussi, voire surtout, le médecin traitant, doivent s’approprier une prise en charge globale : diabète, dyslipidémie, surpoids, troubles du sommeil, sédentarité…

Enfin, la maladie coronaire fait moins de bruit, mais sa prise en charge évolue. Elle est la pourvoyeuse de longévités autrefois impensables qui obligent à un suivi attentif pendant de nombreuses années, avec des pathologies à très long terme, dont l’HTA et l’insuffisance cardiaque, latente ou patente. Mais l’approche pronostique ne ressort plus des seuls IEC et statines, comme on l’a vu (d’ailleurs, faut-il le mentionner, encore largement sous-prescrits). L’avènement des anti-PCSK9, dès que l’AMM sortira des combats d’arrière garde, produira de nouvelles perspectives de durée de vie à des millions de patients.

Ces Journées illustrent à la perfection les évolutions et la tonicité de la recherche médicale, mais aussi biomédicale et pharmaceutique. En cela elles restent une manière efficace de commencer l’année 2018. Leur affluence qui bat des records à chaque fois devra sans doute faire appel à des lieux plus largement dimensionnés.

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