Depuis le 20 mai, l'Assurance maladie rembourse certains dispositifs transdermiques indiqués dans le traitement de la dépendance tabagique. Une mesure qui s'inscrit dans la lutte contre le tabagisme et le plan "Priorité prévention" voulu par la Ministre de la Santé.
Fumer rend malade, très malade, et tue, tout le monde le sait ! Avec 13.000 décès attribués par an, le tabagisme est même la première cause de mortalité en France et la première cause de cancers évitables. Mais tout le monde n’est pas égal face au tabagisme : les catégories sociales défavorisées, les personnes sans emploi et les jeunes entre 18 et 24 ans sont les plus touchés par cette addiction. Le coût des substituts nicotiniques est d’ailleurs considéré comme un frein à l’arrêt du tabac par deux français sur trois, qui ne semblent pas se demander quelle serait l’économie en achat de cigarettes !
Pour le Docteur Anne-Laurence Le Faou, Présidente de la Société Francophone de Tabacologie, « Le remboursement des substituts nicotiniques par la Sécurité Sociale rend désormais le sevrage tabagique accessible pour tous, y compris les plus modestes ». Cette mesure permet en effet de supprimer l’avance de frais systématique et d’avoir le même tarif pour un même produit sur tout le territoire, avec une durée de traitement adaptée à la dépendance. A titre transitoire, le forfait d’aide au sevrage de 150 euros par an et par assuré est maintenu jusqu’à la fin de l’année 2018.
La dépendance au tabac est plurielle. On distingue 3 grands types de dépendance :
- La dépendance physique, celle qui fait qu’un fumeur se sente incapable de faire quoi que ce soit le matin tant qu’il n’a pas fumé au moins une cigarette.
- La dépendance psycho-comportementale que les fumeurs traduisent par « », même si l’on sait aujourd’hui que c’est tout le contraire qui se produit.
- La dépendance comportementale : c’est par exemple, la très pavlovienne cigarette après le repas.
Les substituts nicotiniques agissent sur la dépendance physique et sur elle seule. Les patchs nicotiniques ont pour avantage de libérer graduellement leur dose de nicotine. Au lieu de retomber brusquement, la courbe de délivrance se poursuit en plateau et beaucoup plus longtemps que ne le ferait une cigarette. N’étant plus dans l’urgence nicotinique, le patient a davantage de temps pour agir sur ses deux autres formes de dépendance. Les substituts nicotiniques multiplient par deux les chances de parvenir à arrêter de fumer. Mais Anne-Laurence Le Faou est formelle : « L’efficacité des substituts nicotiniques est toujours grandement renforcée par un accompagnement du patient, quelle qu’en soit la forme. »
Deux traitements de substitution nicotinique sont désormais remboursables : après les gommes à mâcher Nicotine EG c’est au tour des patchs NicoretteSkin 10 mg/16 heures, 15 mg/16 heures et 25 mg/16 heures en boîte de 28 d’être inscrits sur la liste des spécialités remboursables. Ce médicament est indiqué dans le traitement de la dépendance tabagique afin de soulager les symptômes du sevrage nicotinique chez les sujets désireux d'arrêter leur consommation de tabac. Son prix est de 28,55 € la boîte, avec un taux de remboursement à 65%. Médecins, médecins du travail, chirurgiens-dentistes, infirmiers, sages-femmes et masseurs-kinésithérapeutes sont habilités à prescrire.
En France, nous avons un recul de 40 ans sur l’usage des substituts nicotiniques. Recul suffisant pour pourvoir affirmer qu’ils ne présentent pas d’effets indésirables, à condition bien-sûr de respecter les contre-indications à la prescription : hypersensibilité à la substance active ou à l’excipient, fumeur occasionnel, présence d’une infection cutanée dans le cas des patchs. Les données de la littérature indiquent qu’il faut en moyenne quatre tentatives pour parvenir à arrêter de fumer. Ce qui fait dire avec pragmatisme au Dr Le Faou : « Essayez toujours, ça finira bien par marcher ! »
Pour en savoir plus : Le Dr Le Faou proposera à la rentrée prochaine un MOOC sur le sevrage tabagique, financé par l’Agence Nationale de la Recherche, sur la prise en charge de l’arrêt du tabac.
Notre opinion : Nous remarquons que l’un des aspects de l’addiction au tabac est enfin pris en charge par la Sécurité Sociale. La bonne nouvelle, ici développée, est le remboursement des patchs désormais possible. L’accompagnement est fondamental, cette addiction étant en général profonde et ancienne, si ce n’est déjà fortement compliquée (IDM, AVC, AOMI…). La bonne nouvelle, ici développée, est le remboursement des patchs désormais possible Pour quelques dizaines d’euros, la Sécu va permettre l’arrêt du tabagisme actif chez un fumeur et probablement du tabagisme passif de son entourage, tout sauf anodin. Retenons que la prévention prend pied dans la stratégie gouvernementale et le remboursement des patchs en est un exemple concret, à mettre sur le même plan que la volonté vaccinale. Certainement une très bonne nouvelle… que nous devons à notre Ministre de la Santé, selon toute vraisemblance.