Les femmes atteintes de troubles dépressifs ou bipolaires courent un risque accru de grossesse non désirée. Dès lors, il était intéressant d’examiner l'innocuité de la contraception hormonale chez ces femmes atteintes de troubles dépressifs et bipolaires.
Les auteurs ont donc recherché des articles publiés depuis janvier 2016 sur la sécurité d'utilisation de méthodes contraceptives hormonales chez les femmes souffrant de troubles dépressifs ou bipolaires, y compris celles qui avaient été cliniquement diagnostiquées ou dont les scores de dépistage étaient positifs. Les critères primaires étaient la modification des symptômes, l'hospitalisation, le suicide et les modifications de prescription telles que l'augmentation ou la diminution du dosage ou des changements dans le type de médicament. Sur 2.379 articles examinés, 6 répondaient à ces critères d’inclusion.
Il est apparu que les contraceptifs oraux (CO) ne modifient pas de manière significative l'humeur pendant le cycle menstruel chez les femmes bipolaires, alors que l'humeur change de façon significative tout au long du cycle menstruel chez les femmes n'utilisant pas de contraceptifs oraux. En revanche, il n’y a pas de différence significative en ce qui concerne la fréquence des hospitalisations psychiatriques et il n’y a aucune augmentation des scores d'échelle de dépression.
Les adolescentes utilisant des CO combinés (COC) ont de meilleurs scores de dépression après 3 mois vs placebo, les utilisatrices de CO ont des chances similaires de ne plus être déprimées et celles sous COC sont moins fréquemment classées comme déprimées que celles sous DIU.
Avis de l’expert
Cet article comporte deux points très intéressants. L'’utilisation des contraceptifs oraux combinés (COCs), du SIU-LNG et de la DMPA par les patientes dépressives ou bipolaires n’est pas associée à une aggravation de la maladie en comparaison avec les non utilisatrices d’une contraception hormonale. De plus, plusieurs des études analysées dans cet article montrent plutôt une amélioration de l’état dépressif ou bipolaire sous contraception hormonale .
Cet article est très important pour les spécialités concernées car les conclusions de cet article constituent un argument fort en faveur de l’absence de lien entre SIU-LNG et troubles dépressifs ou bipolaires. Ce point fait actuellement l’objet d’une polémique entretenue surtout par les médias et certains groupes Facebook notamment. Cet article a dû contribuer à la décision du PRAC (European Medicine Agency) du 26/10/2017 disant qu’il n’y a pas d’évidence médicale que des troubles psychiques soient associés au SIU-LNG.
Mais cet article présente tout de même quelques limites. En effet, il est d’évidence limité, basé sur des études hétérogènes. En particulier, il n’y a pas de définition standard des troubles dépressifs ou bipolaires, le type des COC étudié n’est pas toujours spécifié, les traitements anti-dépresseurs ne sont pas toujours précisés et finalement le suivi des patientes est court ou inconnu pour certaines des ces six études.
Finalement, sur les 6 études analysées, 4 ont été classées de qualité insuffisante et 2 de bonne qualité.
Pagano et al., Safety of hormonal contraception and intrauterine devices among women with depressive and bipolar disorders: a systematic review, 2016