La grippe chez le sujet asthmatique est associée à une augmentation des hospitalisations, des consultations et des passages en services d’urgences, et représente une cause fréquente d’hospitalisation pour exacerbation chez l’enfant.
La vaccination antigrippale annuelle est recommandée par l’OMS comme mesure préventive pour tous les patients asthmatiques, dès l’âge de 6 mois. Cependant l’efficacité de la réponse immunitaire est discutée chez les asthmatiques lors d’un traitement inhalé par corticostéroïdes (CI). La production d'anticorps contre la grippe chez les asthmatiques a été démontrée. Cependant, l'immunité cellulaire est mal comprise. Le but de l'étude était de comparer les réponses immunitaires humorales et cellulaires au vaccin antigrippal chez des sujets en bonne santé et des asthmatiques traités par immunothérapie et CI.
Méthode : Vingt-cinq patients (dont 12 femmes ; âge 30,48 ans ± 7,55) asthmatiques fréquentant le service d'allergie et d'immunologie clinique de l'hôpital général de Mexico et 25 adultes en bonne santé (dont 18 femmes ; âge 30,28 ans ± 6,31) ont été inclus de manière prospective. 68% des sujets contrôles avaient déjà reçu une vaccination antigrippale versus 36% seulement des asthmatiques. Des échantillons de sang ont été prélevés avant, 4 et 12 mois après l'immunisation avec le vaccin antigrippal : les anticorps spécifiques de la grippe ont été déterminés par le test d'inhibition de l'hémagglutination et les lymphocytes mémoire B, TCD4 + et TCD8 + spécifiques de la grippe ont été déterminés par cytométrie en flux.
Résultats : Tous les patients asthmatiques ont reçu un traitement par CI (24% avec de faibles doses intranasales et 76% avec des doses moyennes). Les titres de la moyenne géométrique pour tous les sérotypes de la grippe étaient similaires dans les deux groupes ; la séropositivité et la réponse immunitaire cellulaire ont augmenté dans les deux groupes au fil du temps et étaient comparables. Les auteurs n’ont pas trouvé de différences statistiquement significatives entre les 2 groupes en ce qui concerne le niveau de cytokines contrairement à un profil Th2 et/ou Th17 abondamment décrit dans la littérature chez l’asthmatique.
Une des limites de cette étude est que la population incluse n’était âgée que de 30 ans en moyenne et que les sujets âgés de plus de 60 ans n’ont pas été inclus en raison de l’immunosénescence naturelle qui aurait représenté une variable confondante.
Les auteurs concluent que la vaccination antigrippale chez les patients asthmatiques traités par immunothérapie et CI a atteint des niveaux d'anticorps protecteurs et une immunité cellulaire au fil du temps comparables à ceux des sujets sains.
Dr Hervé Haas
Human vaccines & immunotherapeutics 2021; 17(1): 98-105
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