Le déploiement progressif des formes à libération prolongées de buprénorphine dans le monde, et les études scientifiques qui l’accompagne, ont démontré l’intérêt des patients pour cette galénique et son efficacité dans l’accompagnement thérapeutique du trouble de l’usage des opioïdes. Elle peut être proposée aux différents stades de la pathologie addictive et du traitement proposé, ce qui n’est pas toujours le cas dans certains pays qui ont plutôt tendance à la réserver aux patients les plus stables. Dans cette étude suédoise, Björn et collaborateurs ont étudié plus spécifiquement une population d’usagers ayant un usage actuel d’opioïde et de multiples comorbidités psychiatriques ce qui est fréquent dans ce trouble.
Les auteurs ont réalisé des entretiens qualitatifs semi-structurés chez des patients sous traitement de substitution opioïde, ayant une expérience de la buprénorphine d’action prolongée, et suivis dans deux structures de délivrance de traitement substitutif axés sur la réduction des risques et spécialisées dans les profils cliniques avec usage actuel de substance et comorbidités multiples. Ils ont inclus 19 patients présentant un usage actuel de substances psychoactives, dont 7 femmes, âgés en moyenne de 41 ans (valeurs entre 24 et 56 ans), et présentant un trouble de l’usage depuis 21 ans en moyenne (valeurs entre 5 et 35 ans). Ils retrouvaient de nombreuses pathologies psychiatriques : TDAH, Anxiété, Trouble de l’humeur, Trouble psychotique et trouble des conduites alimentaires.
La prise de buprénorphine d’action prolongée était associée chez les usagers à une amélioration sur le plan social, ainsi que sur la perception positive d’eux-mêmes et de leur identité propre. Elle permettait chez ces patients de contribuer à une prise de conscience d’une possibilité de changement dans leur mode de vie et dans leur capacité à engager des activités non liées aux substances. Les usagers évoquaient également un soulagement important apporté par la simplification des prises qui limitait le risque/l’envie de mésuser le traitement quotidien. Pour certains, la perte des « revenus » généré par la revente du traitement était perçu comme une conséquence négative mais acceptable. Les patients soulignaient enfin la nécessité d’une information claire et complète avant l’introduction de cette galénique et d’un accord clair avant la mise en place du traitement (attitudes très négatives chez les patients ayant été contraints à cette galénique).
En conclusion, cette étude souligne l’intérêt que peut avoir la buprénorphine d’action prolongée chez les patients souffrant d’un trouble de l’usage des opioïdes quel que soit le stade de leur maladie ou de leur prise en soin. Elle n’est pas donc pas à réserver au patient les plus stables, mais peut s’envisager très tôt dans le parcours de nos patients. Elle renforce ainsi l’approche de réduction des risques, en supprimant le mésusage possible, et favorise l’entrée dans un processus de rétablissement.
Commented by : Dr Julien CABE
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