La prévalence croissante de l'inactivité physique dans les pays occidentaux est devenue une préoccupation majeure en matière de santé publique. L'utilisation du vélo comme moyen de transport actif présente des avantages avérés pour la santé et constitue un compromis idéal pour favoriser une activité physique régulière. Malgré cela, le cyclisme ne représente que 3 % des moyens de déplacement en France, soit dix fois moins que dans certains pays nordiques. En plus des bienfaits directs sur la santé, l'adoption du vélo comme mode de déplacement contribue à réduire les émissions de CO2.
Cette étude nationale originale repose sur des données représentatives de la mobilité des Français, issues de l'enquête mobilité des personnes 2019. Elle vise à évaluer les avantages associés à la pratique du vélo en France en termes de prévention de la morbi-mortalité et de réduction des coûts de santé, malgré un niveau de pratique encore faible.
Les données recueillies en 2019 comprennent les données de mobilité collectées via l’enquête nationale avec plus de 13000 français interrogés sur le mode de déplacement de la veille ; les données de santé avec les cas incidents de 5 maladies chroniques fréquentes : cancer du sein et du côlon, maladies cardiovasculaires, démence et diabète de type et la mortalité toute cause ; l’estimation des coûts médicaux directs et intangibles (psycho-sociaux) liés aux évènements de morbi-mortalité. Les résultats sont basés sur des modèles prenant en compte l'effet protecteur présumé de l'exposition au vélo sur la santé, estimant le nombre d'événements de morbi-mortalité évités grâce à la pratique du vélo. La pratique d’un autre type d’activité physique n’a pas été inclus dans l’équation.
En 2019, chaque personne en France âgée de 20 à 89 ans a passé en moyenne 1 minute et 17 secondes par jour à vélo, avec une prédominance chez les hommes (72 %). Les vélos électriques représentaient 6 % du parc de vélos. Ces niveaux de pratique, bien que faibles, ont permis d'éviter près de 6 000 cas de maladies chroniques et 2 000 décès, tout en économisant environ 191 millions d'euros de coûts médicaux et près de 5 milliards d'euros de coûts intangibles, soit 1 euro économisé pour chaque kilomètre parcouru. De plus, près de 250 kilotonnes de CO2 ont été évitées en termes d'émissions. Une analyse supplémentaire montre que le transfert de 25 % des trajets courts (< 5 km) de voiture vers le vélo aurait des effets similaires, permettant d'éviter de nombreux événements de morbi-mortalité et d'économiser 2,5 milliards d'euros de coûts intangibles.
Cette étude confirme l'importance de promouvoir le vélo comme mode de transport pour des raisons de santé publique, en soulignant les avantages sanitaires et économiques significatifs associés à cette pratique.
Commented by : Dr Mathilde Oranger
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