La lipodystrophie est une maladie rare associée à une répartition anormale des tissus graisseux dans le corps. En France, chez les patients traités contre le VIH, la lipodystrophie apparait dans 50% des cas comme effet secondaire des anti-rétroviraux.
Le mécanisme physiopathologique de la lipodystrophie associée au VIH restant à élucider, la présente étude a analysé les tissus adipeux sous-cutanés de 6 patients précédemment traités par inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse (INTI ; stavudine, didanosine ou zidovudine).
Des échantillons de graisse sous-cutanée abdominale et inguinale ont été obtenus de patients hémophiles VIH+ et de volontaires sains VIH− (n = 6 par groupe).
Tous les prélévements ont été analysés par puce à ADN, PCR en temps réel, cytométrie de flux et immunohistochimie.
Le délai entre le traitement par INTI initial et la collecte des échantillons était de 21,7 ans en moyenne.
L'analyse cytométrique a révélé une infiltration de macrophages M1 inflammatoires dans le tissu adipeux infecté par le VIH et une déplétion des cellules souches dérivées du tissu adipeux. Egalement, l'analyse génétique a révélé que le tissu adipeux du groupe VIH + présentait une activation immunitaire accrue, une toxicité mitochondriale, une inflammation chronique, une fibrose progressive et un dysfonctionnement des adipocytes (résistance à l'insuline, différenciation adipocytaire inhibée et apoptose accélérée).
Enfin, il convient de noter que la synthèse des triglycérides et la lipolyse ont été inhibées dans le tissu adipeux des patients infectés par le VIH.
En conclusion, ces résultats fournissent des informations importantes sur la pathogenèse de la lipodystrophie associée au VIH, suggérant que la redistribution des graisses pourrait dépendre de manière critique de la sensibilité des adipocytes à la toxicité mitochondriale induite par les médicaments, entraînant une atrophie et/ou des complications métaboliques.
Dr Emmanuel GUIN
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