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OBESITE ET CARDIOLOGIE : MATCH POINT !

Le réchauffement climatique menace la planète, mais l’obésité menace plus rapidement la santé des populations. On estime qu’en 2035, la moitié de la population mondiale sera soit en surpoids, soit obèse. L’obésité a été responsable en 2015 de 4 millions de décès et plus de deux tiers de ces décès sont de cause cardiovasculaire.




Les agonistes du GLP-1 sont des médicaments du diabète de type-2, qui ont un impact sur l’obésité. Ces médicaments ont montré une diminution des événements cardiovasculaires chez les patients diabétiques à haut risque cardiovasculaire. Le sémaglutide administré à une dose de 2,4 mg par semaine a montré une diminution du poids d’environ 15,2 % chez les sujets qui n’avaient pas de diabète. Le sémaglutide a fait l’objet d’une campagne gigantesque sur les réseaux sociaux et même dans une consultation cardiologique traditionnelle, nous avons eu des demandes de la part de nos patients en surpoids.


Un essai clinique majeur a été mené dans 41 pays avec le sémaglutide chez des patients de plus de 45 ans, qui avait un indice de masse corporelle (BMI) de plus de 27 kg/m2 et qui présentait une maladie cardiovasculaire avérée. Ces patients ne devaient pas être diabétique et de ne pas avoir de traitement antidiabétique quel qu’il soit. Ces patients ont cependant reçu pendant la durée de l’étude 2,4 mg par semaine de sémaglutide. Les événements cardiovasculaires étaient rassemblés dans un critère composite comportant les décès cardiovasculaires, les infarctus du myocarde sans décès et les accidents vasculaires cérébraux sans décès.


Au total, 17 604 patients sont entrés dans cet essai et l’âge moyen était de 61,6 ans et 72,3 % étaient des hommes. Le BMI était de 33,3 kg/m2 et 71,5 % des patients avaient un BMI supérieur à 30 kg/m2. Parmi les patients inclus, 67,7 % avaient un infarctus du myocarde, 17,9 % avaient un accident vasculaire cérébral et 4,3 % avaient une artériopathie des membres inférieurs. Le LDL cholestérol était de 0,78 g/l. Parmi les traitements cardio protecteurs, 90,1 % recevait des hypolipémiants, 86,2 % avaient des antiagrégants plaquettaires, 70,2 % avaient des bêta-bloqueurs, 45,0 % des inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine et 29,5 % avaient des antagonistes des récepteurs à l’angiotensine.


Les patients ont été suivis en moyenne pendant 39,8 mois. L’arrêt du sémaglutide est survenu chez 26,7 % des patients traités contre 23,6 % dans le groupe placebo. Les événements cardiovasculaires sont survenus chez 6,5 % des patients du groupe sémaglutide contre 8,0 % du des patients du groupe placebo soit un risque relatif de 0,80 très significatif. Il y a eu également une baisse des décès cardiovasculaires (2,5 % contre 3,0 %), des épisodes d’insuffisance cardiaque (3,4 % contre 4,1 %) et des décès toutes causes (4,3 % contre 5,2 %). Sur le plan métabolique, le poids a baissé de 9,39 % dans le groupe traité contre 0,88 % dans le groupe placebo ; le tour de taille a diminué de 7,56 cm contre dans le groupe traité contre 1,03 cm dans le groupe placebo. La pression artérielle systolique a diminué de 3,82 mm Hg dans le groupe traité contre 0,51 mm Hg. La CRP a diminué de 39,12 % dans le groupe traité contre 2,08 % dans le groupe placebo et les triglycérides ont baissé de 18,34 % dans le groupe traité contre 3,2 % dans le groupe placebo. Les événements indésirables gastro-intestinaux sont survenus chez 10,0 % du groupe traité contre 2,0 % du groupe placebo ; il y a eu 2,8 % de nouveaux calculs biliaires dans le groupe traité contre 2,3 % dans le groupe placebo, ce qui est une différence significative.


À l’issue de cette étude, le sémaglutide diminue les événements cardiovasculaires chez les patients cardiaques rapidement après l’initiation du traitement et l’effet sur les différents événements cardiovasculaires sont similaires. Le sémaglutide a amélioré le poids des patients traités ainsi que leur profil cardiovasculaire avec une baisse de la pression artérielle, une diminution de la CRP et une diminution des triglycérides. L’effet du sémaglutide dans l’essai thérapeutique publié est similaire à l’effet observé chez les patients diabétiques dans les études antérieures. Enfin, le sémaglutide rejoint les différents traitements cardio-protecteurs qui sont déjà utilisés chez les patients cardiovasculaires.



Au total, les antidiabétiques viennent frapper une nouvelle fois à la porte de la cardiologie. Étant donné l’épidémie gravissime de l’obésité dans le monde et l’ascension probable de l’incidence des maladies cardiovasculaires dans les pays en voie de développement, le marché des antidiabétiques de nouvelle génération peut désormais faire trembler la bourse de tous les pays riches.




Professeur Jean Ferrières – Fédération de cardiologie CHU de Toulouse





Référence: Sémaglutide and Cardiovascular Outcomes in Obesity without Diabetes. N Engl J Med. 2023 Nov 11. doi: 10.1056/NEJMoa2307563. 

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