« L'espoir d'une meilleure existence future nous console de la présente. » François-Rodolphe Weiss
Le rétablissement, Recovery, né au milieu du XXème siècle aux Etats-Unis, représente une réalité personnelle, qui déborde largement le seul domaine de la pathologie médicale. À la fin des années 1980, Judi Chamberlin qui se définit comme «usager/survivant » de la psychiatrie revendique des systèmes d’accompagnement plus proches des besoins des usagers et la reconnaissance de l’apport de l’entraide mutuelle. Derrière l’idée d’empowerment, c’est un combat politique qui est alors mené pour la réappropriation du pouvoir « par et pour » les usagers.
CE N’EST PAS le retour à un état antérieur, C’EST UN PROCESSUS qui amène l’établissement d’un nouvel état d’équilibre.
Pour le psychiatre Bernard Pachoud, si la notion de « rétablissement » caractérise le devenir de la personne, elle offre surtout la possibilité de se dégager d’une identité de malade.
Dans un rapport publié en décembre 2010, un collège représentatif de psychiatres de deux trusts de santé mentale de Londres atteste que les recherches récentes concordent à indiquer que « Les pratiques orientées vers le rétablissement sont un modèle de changement pertinent pour les années à venir. »
Le rôle des professionnels est de faciliter ce processus par leur posture et leur croyance dans les capacités des personnes à se rétablir.
Trois composantes clés :
L’espoir, hope ; qui est au cœur du concept de rétablissement ;
Le pouvoir, agency ; ce qui comprend l’autodétermination, le choix et la responsabilité ;
L’inclusion sociale, opportunity ; l’accès équitable et la participation active aux services de la cité
L’intérêt de telles pratiques est, selon eux, double : celui pour les usagers d’avoir plus de choix et de contrôle sur leur vie mais aussi pour les professionnels de trouver plus de satisfaction dans leur travail. Il faut faire avec la maladie, l’accepter, l’apprivoiser la gérer et se rétablir : c’est se rétablir dans la ville , vivre comme un citoyen ordinaire
En France, il apparait en 2011 avec 3 programmes expérimentaux : Un chez soi d’abord, Les médiateurs santé pairs et le Programme Emilia (inclusion sociale et emploi).
Ses principes : écoute active, aider à préciser les objectifs personnels de la personne, montrer que l’on croit en les forces de la personne, donner des exemples inspirant l’espoir, être attentif aux objectifs qui sortent la personne de son rôle de malade , recenser les ressources autres qu’en santé mentale ( ami entourage …), renforcer les stratégies d’adaptations existantes , favoriser les interventions thérapeutiques choisies par la personne, avoir une attitude respectueuse et travailler d’égal à égal (collaboration active), malgré un avenir incertain et un risque de revers, appuyer les objectifs autodéterminés, garder l’espoir et avoir des attentes positives
Le « rétablissement est une philosophie d’accompagnement tout comme la RDR est une philosophie.»
C’est un accompagnement de l’usager tout au long de son parcours de manière graduée, un engagement envers la santé publique et les droits humains
La RDR tout comme le rétablissement ne sont pas qu’un abord partiel des comportements de consommation. Ils sont le fil conducteur permettant d’articuler toutes les interventions auprès des usagers de SPA, des premiers contacts avec le produit jusqu’à la fin des traitements le cas échéant avec comme objectif : amélioration de la qualité de vie
La philosophie du rétablissement en France sera une avancée par rapport à la psychiatrie asilaire, la maltraitance, la politique publique sécuritaire, l’hospitalo-centrisme et l’enfermement dans une chronicité sans espoir mais elle pourrait être une régression si elle arrête l’espoir d’une guérison, la recherche sur traitements biologiques et si elle réduit la dimension biomédicale et les interventions psychiques efficaces et les changements socio-politique, voire une stagnation si elle est le reflet d’un simple reformulation du contrôle sociale sur la non-conformité à la normalité
Approprions-nous ce concept qui donne un sens nouveau à nos interventions en garantissant à l’usager d’être plein acteur et décideur de SES choix .
Dr Véronique Vosgien
La perspective du rétablissement: un tournant paradigmatique en santé mentale B Pachoud - Les Cahiers du Centre Georges Canguilhem, 2018 - cairn.info
Iain Brown : un modèle de gestion hédonique des addictions E Loonis - Psychotropes, 1999 - academia.edu
Narcotiques Anonymes, une expertise profane dans le champ des conduites addictives centrée sur le rétablissement, la gestion des émotions et l'entre-soi MR JaUFFReT-ROUSTiDe - Pensée plurielle, 2010 - cairn.inf
Care et recovery: Jusqu'où ne pas décider pour autrui ?
L'exemple du programme «Un chez-soi d'abord» D Moreau, C Laval - Alter, 2015 - Elsevier
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