La stigmatisation des personnes souffrant de troubles liés ou non à l’usage de substances est un phénomène connu de longue date.
Une revue de la littérature a été conduite avec l'objectif de d'évaluer la stigmatisation, par les professionnels de santé, des personnes atteintes de troubles liés ou non à l’usage de substances, ses caractéristiques et son évolution au long cours. Les bases de données bibliographiques PubMed, Scopus et PsycINFO ont été systématiquement analysées et 19 études ont été sélectionnées. Toutes portaient uniquement sur les personnes atteintes de troubles liés à l’usage de substances et 20% à 51% des professionnels de santé avaient des attitudes et/ou croyances négatives à propos des troubles liés à l’usage de substances. La formation en addictologie ainsi que l'expérience clinique avec des personnes atteintes de troubles liés à l’usage de substances étaient associées à une attitude moins négative. Les croyances négatives des professionnels de la santé, le manque de temps ou de soutien étaient associés à une moindre implication dans les soins en addictologie. D'autre part, les troubles liés à l'usage du tabac, les troubles liés à l’usage de substances autres que l'alcool et le tabac, les rechutes, les comorbidités psychiatriques ou l'existence d'un casier judiciaire étaient associés à une attitude plus négative professionnels de santé. Enfin, l’évolution de la stigmatisation au fil du temps n’a pas été systématiquement évaluée et était contrastée en fonction des études.
En conclusion, la stigmatisation des personnes atteintes de troubles liés à l’usage de substances a un impact sur leur prise en charge, un changement de certaines variables pouvant en réduire l’importance : modèle moral d’addiction, croyances négatives des professionnels de la santé, manque de formation, de temps et de soutien dans leur rôle. Ainsi, enseigner ce qu’est la dépendance selon le modèle médical des maladies chroniques et développer une formation axée sur la stigmatisation pourraient améliorer les attitudes des soignants et réduire davantage la stigmatisation. Enfin, des études complémentaires seraient nécessaires pour déterminer si la stigmatisation des personnes atteintes de troubles liés à l’usage de substances par les professionnels de la santé s'est modifié au fil du temps et pour caractériser plus complètement cette stigmatisation.
Commented by : Dr Emmanuel GROSS
Comments