Le buvidal est actuellement la seule galénique de buprénorphine à libération prolongée disponible en France. Elle offre un nouveau paradigme thérapeutique dans la dépendance aux opioïdes et modifie en profondeur l’accompagnement proposé. Son déploiement varie considérablement entre les différents pays européens, et nécessite des ajustements dans les cadres réglementaires nationaux régissant les traitements de substitution aux opioïdes (TSO) ainsi que dans l’organisation des systèmes de soins de chaque pays.
Dans leur article, les auteurs présentent une enquête qualitative menée en 2022 qui a comparé les données sur la diffusion du buvidal, les types de populations traitées, le cadre réglementaire national et le système d'organisation des soins mis en œuvre dans le cadre de l’utilisation du buvidal au Royaume-Uni, en Finlande, en Espagne et en France. Les résultats montrent des disparités marquées dans la diffusion du Buvidal. Au Royaume-Uni, 2,1 % des patients sous TSO recevaient du Buvidal ; en Finlande, ce chiffre était de 60 à 65 % ; en Espagne, il était de 1 % ; et en France, il atteignait 0,3 %.
En Finlande et au Royaume-Uni, le financement du buvidal est intégré au système de santé national, avec une prise en charge du médicament par les autorités sanitaires. En revanche, en Espagne et en France, buvidal n’est disponible que dans des centres spécialisés, qui doivent assumer le coût du médicament, ce qui en limite l’accès. Ces différences dans la disponibilité peuvent également être en partie expliquées par le niveau de couverture préexistant des TSO au moment de l’étude. La France et l'Espagne ont en effet un accès déjà important aux TSO, ce qui a pu aussi jouer sur ces écarts en termes d’utilisation d’une nouvelle galénique.
Le déploiement du buvidal est donc extrêmement hétérogène selon les pays européens étudiés, d’un usage déjà majoritaire en Finlande, à un usage encore limité en Espagne et en France, malgré une dynamique forte et une demande importante des patients. Les raisons de la variation d’utilisation du buvidal sont multifactorielles. Les aspects réglementaires, tels que le statut du médicament et les politiques de remboursement, semblent jouer un rôle clé. En Espagne et en France par exemple, la nécessité de délivrer et administrer le buvidal uniquement dans des centres spécialisés crée une barrière d’accès significative qui pourrait être levée en autorisant la délivrance en pharmacie de ville. Les auteurs observent toutefois qu’un accès jusque-là limité aux TSO dans un pays est un facteur important de réussite d’une diffusion rapide de cette galénique. La France et l’Espagne, chez qui l’accès est déjà simple et la couverture importante, bénéficient moins de cet effet et nécessitent donc un aménagement réglementaire plus important et une communication auprès des professionnels plus visible.
Il sera crucial de surveiller l’évolution de ces disparités dans l’utilisation du Buvidal, notamment pour évaluer si les pays qui ont largement adopté cette formulation bénéficient à termes d’une amélioration plus importante en matière de santé publique. Les indicateurs clés à suivre seront la couverture du traitement, les niveaux de rétablissement des patients, les décès par overdose, et l’impact médico-économique.
Commented by: Dr Julien CABE
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