Cette revue de 4 cas cliniques parue récemment dans AACI rapporte l'expérience de 4 patients auparavant traités par LANADELUMAB puis inclus dans l'étude APEX-S (BEROTRALSTAT).
En effet, de nombreux patients ont bénéficié il y a quelques années du LANADELUMAB compte tenu de crises sévères récurrentes, alors que les seuls alternatives étaient les concentrés de C1-inhibiteurs IV, le DANAZOL ou l'acide tranexamique (on remarquera que les progestatifs ne sont pas mentionnés alors qu'ils ont une certaine efficacité chez les femmes). Le DANAZOL n'est pas dénué d'effets secondaires, l'efficacité de l'acide tranexamique est modérée et très inconstante, et les concentrés de C1-inhibiteurs sont complexes à utiliser compte tenu notamment de la voie IV et la fréquence d'administration. Le concentré de C1-inhibiteur SC n'est pas disponible en France.
Dans ce contexte, l'existence d'une nouvelle alternative qu'est le BEROTRALSTAT est une vraie avancée thérapeutique pour nos patients.
Cette nouvelle alternative peut ainsi être proposée aux patients naïfs de traitement de fond, mais également à ceux traités par LANADELUMAB, la modalité du switch n'étant pas codifiée.
Cet article rapporte le cas de 4 patients ayant eu un switch du LANADELUMAB vers le BEROTRALSTAT. On remarquera que pour tous le LANADELUMAB a été poursuivi pendant quelques semaines à quelques mois, souvent à pleine posologie puis diminuée ensuite. Dans la discussion, les auteurs suggèrent qu'une telle stratégie ne serait pas forcément nécessaire compte tenu de la demi-vie du LANADELUMAB de 2 semaines, et l'état d'équilibre du BEROTRALSTAT obtenu en 6 à 12 jours.
Trois des quatres patients ont eu des crises pendant la période de "combothérapie", mais le type de crise n'était pas rapportée. Il pourrait exister un biais en cas de crises abdominales car le BEROTRALSTAT est connu pour avoir des effets secondaires digestifs, qui d'ailleurs s'améliorent avec le temps.
Pour l'ensemble des patients, le switch s'est globalement bien déroulé, avec la mention par les auteurs de "moins de crises" sous BEROTRALSTAT que sous LANADELUMAB. Il serait intéressant d'avoir plus d'informations sur le profil de chaque patients.
Bien entendu, il ne s'agit que de 4 patients mais ces données sont utiles aux médecins prenant en charge les patients ayant un AOH. En effet, de nombreux patients ont bénéficié du LANADELUMAB alors que le BEROTRALSTAT n'était pas disponible. Un switch pourrait par exemple se justifier en cas de lassitude des injections SC (aspect pratique, réactions locales par exemple), après discussion avec le patient et en tenant compte de son profil de risque.
En conclusion, le BEROTRALSTAT est un nouveau traitement de fond disponible qui est une alternative crédible au LANADELUMAB. L'arsenal thérapeutique devrait se renforcer encore ces prochaines années avec notamment les traitements ciblant le facteur XII ou bien le récepteur B2 de la bradykinine.
Réjouissons nous de ces avancées au bénéfice de nos patients, pour une maladie si rare !
Dr Guillaume Armengol
Gower Richard G. , Wilber Mary Allergy, Asthma & Clinical Immunology 2021; 17(1): 99
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