Du 8 au 14 janvier 2021, un outil interactif d’information sur le rapport bénéfice/risque de la vaccination contre la Covid19 a été testé auprès de 3152 patients âgés de 55,2 ans en moyenne, ayant au moins une comorbidité (définie par n’importe quelle condition médicale nécessitant des soins pendant au moins 6 mois).
Sa conception et son contenu suivaient les normes internationales relatives aux aides à la décision pour les patients. Les données étaient individualisées en fonction du genre, de l’âge et du type de vaccin. Un pictogramme (infra) représentant 10 000 personnes illustrait, d’une part les risques d’hospitalisation, de décès, de symptômes persistant plus de 2 mois en cas d’infection au SARS-CoV-2, avec et sans vaccination, et d’autre part les risques d’effets indésirables graves liés à la vaccination.
L’intention vaccinale était évaluée avant et après information.
Avant information, plus de la moitié des patients acceptait de se faire vacciner, avec n’importe quel vaccin (49,8%) ou avec un vaccin en particulier (12,1%). 961 patients soit 30,5% refusaient la vaccination dans l’attente de données d’efficacité et de tolérance et 7,5% refusaient complètement la vaccination.
Parmi les 1200 patients « hésitants » ou « refusant », 8% ont changé d’avis et accepté la vaccination. Il s’agissait dans 97% des cas de patients « hésitants ».
Seulement 3 patients refusant totalement la vaccination ont changé d’avis.
L’âge, le type et le nombre de comorbidités, le fait de vivre avec une personne âgée, n’avaient pas d’influence sur l’intention vaccinale. Les caractéristiques associées au changement d’intention étaient l’attente de données d’efficacité/tolérance (OR 5,5) et le niveau élevé d’éducation (OR 1,74).
L’utilité de l’outil, évaluée sur une échelle de 0 à 100, était notée à 53,4 par les patients « hésitants » et à 35,6 par ceux refusant complètement la vaccination.
Cet outil informatique a permis de convaincre 1 patient atteint de maladie chronique « hésitant » ou « refusant » sur 12,5. Il a été intégré au site de santé gouvernemental sur la Covid depuis avril 2021.
D’autres études ont montré que le refus complet de la vaccination est fortement corrélé à la perception d’une faible sévérité de l’infection. Cette étude souligne le fait que, face au refus vaccinal, la présentation des risques de la non-vaccination n’est pas efficace. Cet outil devrait être intégré à une approche de prise de décision partagée permettant un dialogue entre le patient et le médecin.
Dr Marie-Aliette Dommergues
Tran Viet-Thi 1,2, Sidorkiewicz Stéphanie 1,3, Péan Clarisse 4, Ravaud Philippe 1,2,5
1 CRESS, INSERM, INRA Université de Paris 75004 Paris France 2 Centre d’Épidémiologie Clinique, Hôpital Hôtel-Dieu, AP-HP 75004 Paris France 3 Département de medecine generale Université de Paris 75014 Paris France 4 ASSOMAST French Patients’ Organization Paris France 5 Department of Epidemiology Columbia University Mailman School of Public Health 22 W 168th St New York NY USA
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